« Jésus entra dans le Temple et chassa tous les vendeurs et acheteurs qui s’y trouvaient.(...)

Il y eut aussi des aveugles et des boiteux qui s’approchèrent de lui dans le Temple et il les guérit (...) (Mt 21, 12...16)

Joies de la mission à Sawata à travers nos deux soeurs partageant de la Parole de Dieu avec les plus pauvres...

Lorsque nous arrivons sous le pont du côté à moitié démoli ce mardi après-midi, la place est prise comme bien souvent par des joueurs : d’un côté, quelques hommes jouent au billard ; de l’autre, une douzaine de femmes aux cartes avec de l’argent...

Ordinairement, nous allons nous installer à l’extérieur, sur la route... Seuls, ceux qui le veulent nous rejoignent - 3-4 personnes, parfois même une seule... - Mais ce jour-là, nos accompagnatrices rechignent : ’il fait trop chaud...’ Et puis il y a Lilet, la maman de Kim, une des familles les plus pauvres et mal vues, qui me dit : « Sister, je peux pas venir... Je suis malade. » Effectivement, elle s’est relevée, mais elle est brûlante de fièvre...

Kim et sa maman Lilet

Nous décidons donc de nous faufiler entre les groupes de joueurs, même si l’espace est un peu étroit, et nous commençons à installer comme d’habitude avec l’une des habitantes, une nappe sur une planche par-dessus la ’paillasse’ de cuisine, un crucifix, un psaume sur le mur, des bougies... Et voilà que peu à peu, les joueurs commencent à plier bagage et finissent par s’éclipser un par un...

Restent nos 3 accompagnatrices : des femmes parmi nos voisines des blocks - des personnes moins pauvres donc - ; 3-4 ’nanays’ habitant sous le pont, assez souvent présentes ; mais surtout Lilet peut participer à tout, de même que 3 hommes qui écoutent de toutes leurs oreilles, même s’ils restent un peu à l’écart. Et puis, j’aperçois tout à coup, recroquevillée dans un coin, Maryse, avec un carnet de chants en mains - cette femme toute déformée qui a 2 belles petites filles - Au moment de la lecture de la Parole de Dieu, elle se rapprochera même, pour mieux entendre. Un des 3 hommes est son mari : il a refusé de prendre un carnet de chants (sans doute ne sait-il pas lire) mais a été très écoutant.

Ce jour-là, j’ai perçu l’amour de Dieu pour les plus pauvres... Leur donner la priorité, même si pour cela, il faut un peu s’imposer aux joueurs... S’imposer n’est pas le genre de notre Dieu ! Pourtant, quelque part, ces joueurs étaient un peu consentants : le respect du religieux est très ancré dans ce peuple philippin. On ne peut pas jouer pour de l’argent à côté de personnes qui prient. Tous savent bien que c’est interdit par l’Église et même parfois, certains s’en excusent auprès de moi quand je passe auprès d’eux.

Ces participations imprévues sont assez courantes... Ainsi ce jour où des jeunes étaient en train de sniffer de la colle à notre arrivée... La pluie nous ayant tous rabattus sous le pont, ils ont tout écouté de loin, l’air de rien... Et même, certains ont chanté le Notre Père avec tous..."...Les enfants criaient dans le Temple : ’Hosanna au Fils de David !’... Et Jésus dit : "N’avez-vous jamais lu ce texte : ’De la bouche des tout-petits et des nourrissons, tu t’es ménagé une louange’ ?(Mt21)