« Ce qui me rendrait heureuse ce prochain Noël, c’est que nous soyons tous ensemble avec ma famille complète et que nous soyons tous unis en communauté. » Le rassemblement, l’unité... tels sont les souhaits profonds qui reviennent souvent dans les prières des familles très pauvres ici, enfants comme adultes. Une des dimensions qui les rend heureux... une des dimensions que nous essayons de leur permettre de vivre, en s’appuyant sur Dieu.

Projet d’artisanat

Il est mis en oeuvre avec la communauté des familles sous le pont qui se réunissent toutes les semaines depuis 2 ans. Il a pris naissance à partir de leur désir d’aider un de leurs voisins malade depuis peu de la tuberculose et de la parole de Jésus à la multiplication des pains : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Ces familles avaient aussi le souhait d’apprendre de nouveaux moyens de subsistance et certains de nos amis désiraient pouvoir nous aider.

Notre souci a été d’abord de ne pas provoquer de divisions dans leur communauté de vie, mais au contraire de renforcer leur unité. Dans un premier temps, le groupe a beaucoup réfléchi ensemble à la lumière de la Parole de Dieu, sur les obstacles à l’unité et les moyens de la construire. Il en est sorti au bout de un mois et demi une charte que 8 personnes ont signée. Elle insiste sur les moyens de rester unis et la création d’un Fond de Solidarité pour leurs urgences communautaires

• En Mars 2007, nous avons donc démarré pendant une heure à une heure et demie par semaine la confection de colliers (avec aimants), bracelets et boucles d’oreilles. Chaque fois, deux mamans venaient acheter le matériel avec nous.
•  Fin juin, nous partions en France avec toute une provision que nous avons vendue à nos amis ou fait vendre par eux, Quart Monde ou autre... Merci à ceux qui ont bien voulu participer.

Tess - un chemin de pardon...

Tess est sans doute la leader du groupe. Elle a beaucoup de dynamisme et d’influence sur les autres. Elle a beaucoup contribué à la rédaction de la charte, d’accord avec les autres pour soutenir Christopher, atteint de tuberculose et sa famille. Et voilà qu’un soir,elle se dispute avec lui ! Elle refuse alors de signer la charte et de participer à l’artisanat, mais elle veut continuer à prier avec le groupe. Nous étions en Carême. Lors d’une prière, tout à coup, elle prend un caillou et me lance : « Sister, mon coeur est comme cette pierre. Je ne peux pas pardonner. Je voudrais bien qu’il devienne un coeur qui aime. » Or, c’était justement le symbole que nous voulions proposer à chacun pour le carême : un coeur rouge surmonté d’un coeur blanc où sont dessinées des pierres à découper à chaque effort de carême... Tess a refusé d’enlever la moindre pierre tant que, au fond de son coeur, elle refusait de se réconcilier avec Christopher. Elle y a réussi au Chemin de Croix du Vendredi Saint où elle a lu : « Père, pardonne-leur. Ils ne savent pas ce qu’ils font. » Alors, elle a signé et s’est lancée à fond dans le projet.

• Fin août, nous revenions juste avec la somme nécessaire pour leur remettre le fruit de leur travail l’équivalent du prix philippin d’un collier pour une heure de travail - temps nécessaire à sa confection), rembourser la mise de fond et les sommes dépensées à l’avance sur le fond de solidarité. En effet, il nous avait fallu répondre à l’avance aux urgences immédiates : c’était à ce moment-là que la famille de Christopher avait besoin d’aide pour vivre sans le travail du père. Maintenant, 8 mois après, il est guéri grâce aux médicaments donnés chaque semaine par les Soeurs de Mère Teresa.

De même, un événement nous a beaucoup rapprochées de ces familles : 3 hommes (maris ou frère de femmes du groupe) mis en prison pour « piratage » de l’électricité au nom de toute leur communauté. - Vivant sous le pont, ces familles ne peuvent pas avoir officiellement l’électricité. Or, comment vivre avec cette chaleur sans ventilateur, surtout avec de petits enfants ? -

Nous avons fait beaucoup de démarches avec leurs familles pour les libérer ; nous les avons visités en prison et nous avons été amenées à avancer quelques sommes demandées par la police ou la juge sur le fond de solidarité, avec l’accord de tout le groupe.

L’objectif de ce projet n’est pas d’instituer quelque chose de stable à long terme mais de permettre une aide mutuelle - familles Philippines entre elles - amis Français/familles Philippines - et de chercher à sauvegarder l’unité alors même que sont donnés des moyens de gagner de l’argent. Cela veut rester à une petite dimension comme projet-pilote.

Pour Noël, ces familles se sont mobilisées sur la préparation de la fête avec des prises en charge par elles-mêmes : décorations de carnets comme cadeaux pour leurs enfants ; confection de bouquets de fleurs artificielles en famille ; d’une « parol » (étoile) communautaire ; christmas-party...

Le projet d’artisanat reprendra en janvier.

Anniversaire de nos trois ans de présence.

Le 16 Juin, pour la première fois, notre évêque, Mgr Deo Gratias Iñiguez Jr, est venu célébrer la messe dans la rue, au bord de la grande route, ses camions bruyants et sa polution. Immense honneur pour tous !

Toutes les communautés étaient représentées ainsi que nos amis dont beaucoup de religieux(ses).

Plusieurs personnes ont témoigné de ce que leur a apporté notre présence ici : la communauté dont nous venons de parler qui l’a fait en groupe devant tout le monde ; Percy, au nom des autres groupes qu’elle était allée interroger ; Inday, une jeune du groupe de prière, au nom de nos voisins et une volontaire. Chacun de ces témoignages fait ressortir des actions de grâce spontanées à Dieu. On remercie d’abord le Seigneur, puis les soeurs qui viennent en son nom. Plusieurs ont fait mention de changements dans leur vie : «  Maintenant, je pratique plus ; je n’oublie plus que Dieu est toujours là à mes côtés » « Grâce à la Parole de Dieu, j’ai appris à pardonner à mon prochain... » « J’ai appris à diminuer mes mauvais comportements ». Leur confiance en elles-mêmes s’est fortifiée.

Bernard - un jeune de 16 ans en recherche de vocation Son témoignage le 16 Juin

« Je suis un des voisins et amis des Soeurs. Quand elles sont arrivées à Sawata, j’avais 12 ans. Tous les soirs, il y a une prière avec les enfants et j’étais l’un d’eux. J’avais beaucoup de questions sur Dieu à commencer par le Christ et sa famille et beaucoup d’autres. Toutes les réponses m’ont été données grâce aux Soeurs. Et jusqu’à maintenant, je suis intéressé d’apprendre encore d’autres choses sur la Parole de Dieu, afin de, un jour, pouvoir partager avec mes amis ou autres qui ne connaissent pas Dieu. Et maintenant, je crois et j’ai confiance en Dieu. Aussi mon remerciement à Dieu est grand, ainsi qu’aux Soeurs qui m’aident à mieux connaître Dieu. » De temps en temps, il vient aider avec les enfants dans la rue. Il est maintenant très en recherche pour son avenir : devenir prêtre ? Pourquoi pas ? Seulement les études au séminaire sont longues (plus que médecine, d’après lui) et coûteuses et il faut vivre loin de sa famille. Nous le confions à votre prière.

Liens avec la France

• Ils sont d’abord communautaires. Nous sommes rentrées 2 mois en France, d’une part pour partager la joie des voeux définitifs de Sr Michelle le 24 juin, puis pour vivre le premier chapitre communautaire de notre histoire, à 5 soeurs de profession perpétuelle. Nous sommes toujours en souci pour avoir de nouvelles vocations, mais la paix qui nous a unies tout au long de ce temps fort communautaire, de même que l’accord de notre nouvel évêque de Toulouse, Mgr Robert Le Gall, nous confortent dans le sentiment que nous sommes bien dans la Volonté de Dieu pour nous.
• Quelques liens essaient de s’établir aussi entre les familles Philippines et d’autres en France. Un groupe du Quart Monde à Toulouse se réunit tous les mois et les soutient par la prière et quelques gestes de partage comme, à l’occasion de Noël, des échanges de cartes de voeux fabriquées de part et d’autre...
• Un groupe de louveteaux d’une ancienne volontaire a envoyé des cartes de leur fabrication aux enfants vivant au milieu des containers et ceux-ci leur ont répondu par un bel album avec dessins, photos, expressions de leur vie et leur prière.

Merci pour votre union avec nous par la prière, l’amitié, les soutiens de toutes sortes... Recevez tous nos meilleurs voeux pour que ce Noël nous unisse toujours plus au-delà des frontières et de nos différences, en Celui qui a voulu partager notre condition humaine universelle.

Srs Anne et Marie-Edmée